Monbazillac
Le vignoble de Monbazillac, le plus grand vignoble de liquoreux au monde
Le vin de Monbazillac est un grand vin blanc liquoreux produit sur les rives de la Dordogne depuis plusieurs siècles Il est l’un des 7 grands terroirs du vignoble de Bergerac-Duras.
A seulement 5 kilomètres de la ville de Bergerac, l’appellation Monbazillac est la plus ancienne région viticole de production de liquoreux et la plus étendue au monde. L’aire d’appellation « Monbazillac » est délimitée au nord par la vallée de la Dordogne et au sud par la rive droite de la Gardonnette, un petit affluent de la Dordogne.
Le vignoble, omniprésent dans le paysage, démarre sur les premières terrasses de la rive gauche de la Dordogne, puis grimpe par paliers les coteaux pentus exposés plein nord, face à la ville de Bergerac jusqu’aux petits plateaux qui dominent la vallée.
Un peu d’histoire
A Monbazillac, le patrimoine liquoreux est très ancien et sa production, selon les époques a trouvé des débouchés différents : l’Angleterre pendant la présence anglaise en Aquitaine lors de la guerre de cent ans, la Hollande lors de la fuite des Vignerons protestants vers cette terre d’accueil au moment des guerres de religion.
« Les protestants de Bergerac et de Monbazillac s’exilent essentiellement vers les Provinces-Unies. Dans cet exode en pays connu, les vins de Bergerac servent ainsi de passeport aux émigrés. Comme le rappelle Bernard Ginestet, en près de trois siècles de commerce avec la Hollande, les Bergeracois s’étaient en effet constitué un solide carnet d’adresses. Les vins de Monbazillac sont alors expédiés en fûts sur des gabarres jusqu’à Libourne, puis chargés sur des goélettes et partent ensuite vers les Pays-Bas.
Après ce très fort engouement des Hollandais pour les liquoreux, appelés alors vins de Muscat, ou Madère du Périgord, bien avant le développement des Sauternes, c’est véritablement la période d’or du Monbazillac.
Quelque deux siècles et demi plus tard, un fait divers viendra confirmer cet engouement pour le Monbazillac et surtout apporter la preuve indéniable de la qualité de longue garde de ce vin :
En 1984, lors de fouilles archéologiques sous-marines organisées par un groupe de chercheurs hollandais, on découvre dans l’épave d’un galion échouée en Manche, au large de Brighton, un trésor d’une valeur inestimable : seize bouteilles intactes de Monbazillac d’une cuvée datant de 1747. Le bateau, l’Amsterdamer, un trois-mâts de la Compagnie des Indes néerlandaises, avait fait naufrage en janvier 1749 et s’était échoué dans la baie d’Hastings, en assurant la liaison Bordeaux-Amsterdam. Nos chercheurs, curieux de l’état de conservation du vin, s’empressent de le goûter. A leur grand étonnement, ils découvrent que le Monbazillac a conservé toute sa saveur, bien que sa robe arbore une couleur brune. Les bouteilles ont donc traversé les siècles sans dommage, enfouies, semble-t-il, dans un banc de sable, à l’abri de la lumière et maintenues à une température de 10°C : ces conditions idéales ont permis de freiner considérablement l’évolution du vin.
Lors du salon de Vinexpo de 1989 à Bordeaux, certains professionnels auront même ce privilège ô combien enviable d’en déguster une bouteille… Également à cette période, les consuls de la Vinée se déplaceront à Amsterdam pour féliciter tous ceux qui avaient œuvré à cette extraordinaire découverte »
Extrait de Monbazillac ou la Révélation d’un secret en Périgord de Jean-François VIDALIE
1936-2016 : 80 ans d’excellence
C’est historiquement pour lutter contre la fraude que s’est construit progressivement, dès le début du XXe siècle (loi de 1905), le concept d’Appellations d’origine. Un décret-loi de 1935 relatif à la défense du marché́ du vin a créé́ l’Appellation d’Origine Contrôlée, applicable aux vins et aux eaux-de-vie, et l’organisme chargé de leur définition, de leur protection et de leur contrôle : l’INAO.
Les premiers vins ayant bénéficié de ce nouveau système de défense et de gestion ont vu leurs décrets homologués le 15 mai 1936. C’est ainsi que 5 appellations vinicoles et 1 eau-de-vie, furent les pionnières de ce nouveau concept : ARBOIS, CASSIS, CHATEAUNEUF-DU-PAPE, MONBAZILLAC et TAVEL. Sans oublier la première eau-de-vie, COGNAC.
Paysages et terroir
Le Monbazillac est certainement le plus célèbre de tous les vins de la Dordogne. Son vignoble, réparti sur la côte Sud de la vallée de la Dordogne, est aussi l’un des plus anciens de la région. Sa caractéristique particulière est d’être orienté au Nord. Le terroir de Monbazillac s’étend sur 3 600 ha et 5 communes : Pomport, Rouffignac de Sigoulès, Colombier, Saint Laurent des Vignes et Monbazillac.
Le vignoble de Monbazillac jouit d’un climat tempéré particulier. Le phénomène climatique le plus remarquable a lieu pendant l’automne, sous l’action des brouillards matinaux conjuguée avec la chaleur du soleil d’après-midi. L’humidité, pendant cette période encore chaude, permet la formation du microscopique champignon « Botrytis Cinerea » qui provoque une réduction de volume à l’intérieur du grain de raisin et modifie sa nature en augmentant sa teneur en sucre.
La concentration naturelle des raisins, grâce au développement de la pourriture noble provoquée par le « Botrytis Cinerea » est indispensable à l’élaboration de tout liquoreux de haute qualité.
Comment présenter l’appellation Monbazillac sans évoquer le Château du même nom ? D’inspiration médiévale et Renaissance, le château domine fièrement le vignoble de ses mâchicoulis, créneaux et tours circulaires. Construit par Charles d’Aydie au XVIe siècle, épargné par la Révolution française et finalement racheté en 1960 par la cave coopérative de Monbazillac, son destin a toujours été lié au fleuron des vins liquoreux.
Quoi de plus logique qu’un symbole de la noblesse soit devenu l’emblème d’un vin prestigieux élaboré à partir de pourriture… noble ?
Cépages
Le Monbazillac est un vin dit « d’assemblage » car il nécessite le mariage de trois cépages principaux : Le Sémillon, le Sauvignon, la Muscadelle. Des cépages accessoires peuvent compléter cet assemblage.
Le champion de la gastronomie
Elaborer ce nectar aux reflets d’or n’est pas une mince affaire. Tout le mérite en revient aux générations de vignerons qui, au fil des siècles, en vendangeant minutieusement à la main en plusieurs passages (tries successives) pour sélectionner les grains « nobles », ont su amener le Monbazillac à un équilibre incomparable entre fraicheur, suavité, velouté et délicatesse. Plus grand vignoble de liquoreux au monde en termes de surface d’exploitation, le Monbazillac est considéré à juste titre comme l’un des meilleurs. Sa tonalité sucrée et sa grande capacité d’adaptation lui confèrent une modernité qui lui permet d’accompagner tout un repas. Irréprochable sur un foie gras de canards ou d’oie si possible du Périgord, il se marie à la perfection avec des desserts fruités, notamment les fraises du Périgord. L’association, toujours surprenante mais si exquise, avec le Roquefort AOP, ouvre de nouveaux horizons culinaires. Les plus gourmands le dégusteront tout simplement seul, pour en apprécier pleinement ses merveilleux secrets : des arômes de miel, de fleurs d’acacia, avec des notes de mirabelle et d’agrumes confits…
On peut déguster le Monbazillac jeune mais il gagne toujours à vieillir en cave. Un Monbazillac de 15 à 20 ans d’âge est un trésor dont il faut savourer longuement les nuances de fruits et d’épices. Ce liquoreux atteint sa maturité au bout de 3 ans et se conserve fort longtemps (parfois jusqu’à un siècle dans de bonnes conditions de stockage).
Le Monbazillac doit être servi frais mais surtout pas « frappé ». La température idéale se situe entre 6° et 8°.
Monbazillac, sélection de Grains Nobles
Le cahier des charges de 2009 a ouvert une nouvelle ère pour les vins de Monbazillac. En effet, les grandes cuvées pourront revendiquer la mention « sélection de grains nobles ».
Cette disposition vient récompenser plus de 20 ans de recherche qualitative pour ces vins figurant parmi les plus grands liquoreux du monde.
Depuis le millésime 2010, vous pouvez apprécier les cuvées « Sélection de Grains Nobles » issues des tries les plus rigoureux, respectant des conditions de production encore plus strictes, des richesses en sucres résiduels plus élevées (85 g/l) et bénéficiant d’un élevage de 18 mois au minimum. Les « Sélection de Grains Nobles » représentent l’excellence de ce grand Terroir.
Monbazillac points clefs
- Monbazillac – Vignoble de Bergerac – Sud-Ouest de la France, AOC depuis le 15 mai 1936
- Superficie en production : 2300 ha (3600 ha potentiel)
- Communes : Monbazillac, Pomport, Colombier, Saint-Laurent des Vignes et Rouffignac-de-Sigoulès (Dordogne 24)
- Terroir : trois grands types de sols, sols argileux, sols calciques et des sols acides et lessivés. Climat de type océanique.
- Type de vins : vin blanc liquoreux
- Vendanges manuelles obligatoires et Tri successif de la vendange
- Cépages autorisés : Sémillon B, Sauvignon B, Sauvignon Gris, Muscadelle, Chenin, Ondenc Blanc et Ugni-Blanc
- Rendement maximum : 30 hl/ha
- Production annuelle : 50 000 hl à 60 000 hl
- 120 producteurs de raisin dont 80 vinificateurs et 40 coopérateurs
- 2 caves coopératives