« Les protestants de Bergerac et de Monbazillac s’exilent essentiellement vers les Provinces-Unies. Dans cet exode en pays connu, les vins de Bergerac servent ainsi de passeport aux émigrés. Comme le rappelle Bernard Ginestet, en près de trois siècles de commerce avec la Hollande, les Bergeracois s’étaient en effet constitué un solide carnet d’adresses. Les vins de Monbazillac sont alors expédiés en fûts sur des gabarres jusqu’à Libourne, puis chargés sur des goélettes et partent ensuite vers les Pays-Bas.
Après ce très fort engouement des Hollandais pour les liquoreux, appelés alors vins de Muscat, ou Madère du Périgord, bien avant le développement des Sauternes, c’est véritablement la période d’or du Monbazillac.
Quelque deux siècles et demi plus tard, un fait divers viendra confirmer cet engouement pour le Monbazillac et surtout apporter la preuve indéniable de la qualité de longue garde de ce vin :
En 1984, lors de fouilles archéologiques sous-marines organisées par un groupe de chercheurs hollandais, on découvre dans l’épave d’un galion échouée en Manche, au large de Brighton, un trésor d’une valeur inestimable : seize bouteilles intactes de Monbazillac d’une cuvée datant de 1747. Le bateau, l’Amsterdamer, un trois-mâts de la Compagnie des Indes néerlandaises, avait fait naufrage en janvier 1749 et s’était échoué dans la baie d’Hastings, en assurant la liaison Bordeaux-Amsterdam. Nos chercheurs, curieux de l’état de conservation du vin, s’empressent de le goûter. A leur grand étonnement, ils découvrent que le Monbazillac a conservé toute sa saveur, bien que sa robe arbore une couleur brune. Les bouteilles ont donc traversé les siècles sans dommage, enfouies, semble-t-il, dans un banc de sable, à l’abri de la lumière et maintenues à une température de 10°C : ces conditions idéales ont permis de freiner considérablement l’évolution du vin.
Lors du salon de Vinexpo de 1989 à Bordeaux, certains professionnels auront même ce privilège ô combien enviable d’en déguster une bouteille… Également à cette période, les consuls de la Vinée se déplaceront à Amsterdam pour féliciter tous ceux qui avaient œuvré à cette extraordinaire découverte »
Extrait de Monbazillac ou la Révélation d’un secret en Périgord de Jean-François VIDALIE
1936-2016 : 80 ans d’excellence
C’est historiquement pour lutter contre la fraude que s’est construit progressivement, dès le début du XXe siècle (loi de 1905), le concept d’Appellations d’origine. Un décret-loi de 1935 relatif à la défense du marché́ du vin a créé́ l’Appellation d’Origine Contrôlée, applicable aux vins et aux eaux-de-vie, et l’organisme chargé de leur définition, de leur protection et de leur contrôle : l’INAO.
Les premiers vins ayant bénéficié de ce nouveau système de défense et de gestion ont vu leurs décrets homologués le 15 mai 1936. C’est ainsi que 5 appellations vinicoles et 1 eau-de-vie, furent les pionnières de ce nouveau concept : ARBOIS, CASSIS, CHATEAUNEUF-DU-PAPE, MONBAZILLAC et TAVEL. Sans oublier la première eau-de-vie, COGNAC.